vendredi 26 février 2010

Banzai, Charles, et banzai!

L'ami Nicolas m'a fait présent ce matin d'une invitation à plancher à la chaîne sur Charles Aznavour… Ceci, semble-t-il, en raison du non-anniversaire du chanteur, lequel interviendra le printemps prochain, ou bien à titre de précaution nécrologique, pour le cas où Charles défunterait prochainement. Toutefois, il se pourrait aussi que la dite chaîne puise sa source dans le louable désir de saluer des billets émouvants de Didier Goux et FalconHill… On le voit, le cahier des charges est imprécis, le sujet baroque et casse-cou, quoique fournissant une occasion de rendre hommage à la sensibilité artistique de la blogosphère. Bref, advienne que pourra!

Charles Aznavour et moi, c'est une vieille et brève histoire… J'étais adolescent, en vacances pour quelques jours chez ma tante, laquelle venait d'avoir un bébé, une fille… Le mari de ma tante, qui se trouvait être par conséquent mon oncle, vouait une admiration inconditionnelle à Charles Aznavour. J'ignore si «Il faut savoir», «Les comédiens» et autres œuvres, sortaient d'un électrophone ou d'une radio, mais on aurait dit qu'il n'y avait que ces bruits-là dans l'appartement.

Des années durant, ensuite, j'étais souvent comme pris au dépourvu par des paroles qui me venaient aux lèvres: «Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens, qui arrivent, viens». Juste ça, chanté ou sifflé en grimpant un escalier, au volant, sous la douche, ou au moment de me raser —stupide imprudence.

Au même instant, irrésistiblement, je me revoyais chaque fois, non pas «en haut de l'affiche», mais planté comme un jeune con boutonneux dans une rue commerçante de Bézier, avec dans les mains le guidon d'un landeau où braillait ma cousine… Elle ne chantait pas, non, elle gueulait parce qu'elle venait de se réveiller au moment où j'étais préposé à sa garde tandis que sa mère faisait des emplettes. Les piétons se marraient, l'œil des filles brillait au passage, impitoyable, et j'avais le feu au visage jusqu'au bout des oreilles. Figurez-vous qu'en secouant la voiture, j'essayais de lui fredonner quelque chose pour l'amadouer, et c'était: «Viens voir les comédiens… ferme ça, allez! Viens voir…»

Bon, je n'aime pas Aznavour, je trouve que ses chansons avilissent tous les thèmes qu'il exploite pour faire vibrer la sensibilité populaire, laquelle est à chier. Et pourtant, il a bien le droit de vivre et de chanter, Charles, autant que moi, sinon plus, au regard de mon incapacité à émettre un son juste. Il a bien le droit de faire du fric mieux que moi avec sa pacotille. Je trouve même que l'on devrait lui élever une statue virtuelle dans la blogosphère: il la symbolise à merveille.

Pour prendre la suite, je tague Mtislav, Homer, Epamin, Gildan, Manuel, M. Poireau, et qui voudra…
P-S: Je profite de l'occasion pour faire ma propre pub et signaler ma littérature de gare que personne n'a envie de lire: «Romance», c'est sur l'annexe